Saison 1968

La saison 1967 avait été bien remplie, avec 22 compétitions (plus la journée d'essais des 24 heures du Mans), la saison 1968 allait être un peu moins chargée, avec "seulement" treize épreuves (plus la journée d'essais des 24 heures du Mans). Par ailleurs, Jean Claude ANDRUET entrait dans la liste française des 156 pilotes de notoriété.

Et traditionnellement, cette saison débutait le 19 janvier avec le rallye Monte Carlo. Le début de course de Jean Claude Andruet, associé à Jean Todt sur une berlinette A110 (277 UN 75) était prometteur. Sixième temps dans l'ES1, troisième dans l'ES2, quatrième dans l'ES3, septième dans l'ES4... Mais en doublant un concurrent dans l'ES5, la voiture sortait de la route, sans mal. Remise en piste par des spectateurs, hélas trop tard, l'abandon était irrémédiable.

Plus de brouillard que de neige et de glace au quinzième Critérium Neige et Glace les 24 et 25 février. Andruet, secondé par Maurice Gélin avait à cœur de faire oublier le Monte Carlo. Mais la concurrence était relevée, dans le clan Alpine d'abord, avec G. Larrousse sur la 1600, mais aussi avec les Porsche de Chasseuil, Balas, Hanrioud, les Citroën de Neyret, Ogier, Pointet, l'Alfa de Trautmann, l'Opel de Greder... C'est Larrousse qui dominait la première ES devant Andruet. Le duel attendu était lancé, arbitré dans la seconde ES par un surprenant Nicolas sur une R 8 Gordini. Les deux pilotes Alpine dominaient les débats jusqu'à ce qu'Andruet, après un tête à queue sans gravité, connaisse des problèmes de boite, lui faisant perdre 7 minutes. Reparti le couteau entre les dents, il signait le meilleur temps dans la dernière ES, et terminait le rallye à la dixième place. L'exploit, c'est Jean Pierre Nicolas qui l'accomplissait en amenant sa R 8 Gordini (Tourisme de Série) à la seconde place, juste derrière Larrousse, mais devant Trautmann, Neyret, Greder...

Partant de Solitude le 7 mars, le rallye Lyon Charbonnières allait encore être l'occasion d'un duel Larrousse-Andruet. Mais cette fois-ci, Jean Claude disposait du même matériel, une berlinette 1440 (8088 UG 75). A l'issue de l'épreuve sur circuit de Solitude, Gérard Larrousse avait pris l'avantage sur la paire Andruet-Todt, pour 46 secondes. Domination qui se confirmait dans les deux ES suivantes, disputées elles aussi en Allemagne. Mais dans St Hippolyte, Andruet signait le meilleur temps, une seconde devant Larrousse, qui sortait de la route dans La Croix Bar-Choux, laissant là plus de deux minutes, et la tête du classement. Jean Claude n'avait plus qu'à gérer cette avance, bien aidé par Jean Todt, et remportait sa première grande épreuve internationale, devant Guy Chasseuil sur une Porsche 911 S, Pierre Maublanc sur une BMW 2002 et l'étonnant Jean Luc Thérier sur une R 8 Gordini, premier en Tourisme de Série.

Essais 24 heures du Mans. 6-7 avril

Plateau international au rallye des Tulipes, du 24 au 26 avril. Makinen, Vernaeve (BMC), Clark, Andersson (Ford GB), Staepelaere (Ford Belgique), Mikkola, Lusenius (Datsun), Greder (Opel France) et enfin Larrousse, Andruet-Escudier (Alpine 1300). Jean Claude prenait rapidement la tête de l'épreuve et devançait, au terme de la première étape Clark et Andersson sur leurs Escort Twin Cam. Hélas, il disparaissait du classement au cours de la seconde étape, laissant les deux Escort en tête et Larrousse, huitième.

Nouveau duel Larrousse-Andruet au quinzième rallye de Lorraine les 11 et 12 mai. Si Jean Claude, à nouveau navigué par Jean Escudier, disposait d'une berlinette 1300, Larrousse lui prenait le départ au volant d'un proto équipé d'un nouveau moteur 1535 cm3. Larrousse se constituait une confortable avance face à Christian Poirot et sa Porsche Carrera 6, en s'adjugeant 7 des 11 ES de la première étape. Après l'abandon du lorrain, c'est Andruet qui récupérait la seconde position, malgré un handicap dû à des problèmes de freins et un pont trop long. Il reprenait 37 secondes à son adversaire dans la deuxième partie de l'épreuve, mais c'était insuffisant et devait se contenter de la place de dauphin, avec une nouvelle victoire en GT.

Au tour de l'Aisne le 16 juin, ils étaient trois prétendants à la victoire: Guy Chasseuil, Claude Ballot Léna (Porsche 911) et Jean-Claude Andruet (A110 1600). Les abandons de Chasseuil d'abord (embrayage) et d'Andruet ensuite (moteur serré) permettaient à Ballot Léna de remporter une victoire incontestable sur la toute nouvelle 911 R, devant Parot (Porsche).

Disposant d'une berlinette 1600 (129 N 92), Andruet était le favori logique de la ronde Cévenole les 6 et 7 juillet. Hormis le premier tour, remporté par Chasseuil (Porsche) devant Haldi et Andruet, ce dernier annonçait la couleur dès la seconde boucle en reprenant la première place qu'il n'allait plus quitter, gérant au mieux son avance. Au final, il devançait Ballot-Lena (Porsche 911 R) de 7'32" et Trautmann (Lancia) de 14'21". Il établissait au passage un nouveau record du tour en 28'31'4.

coupe des Alpes 2 au 8 septembre A110 1300 "Biche"
rallye Vercors Vivarais 21-22 septembre A110 Cantero
24 heures du Mans. 28-29 septembre
rallye du Mont Blanc 6 octobre A110 1300 Gélin


Impressionnante armada Alpine au départ du Tour de Corse, les 9 et 10 novembre : Vinatier, Larrousse, Andruet, Orsini, Nicolas... Dès le départ, Vinatier devançait Larrousse et Andruet. L'opposition s'organisait et Toivonen (Porsche) remportait les trois ES suivante. Mais Jean Claude remettait les pendules à l'heure s'adjugeant les ES 5, 6 et 8. Vinatier disparu dans l'ES 3, Nicolas dans la 4, Orsini dans la 5 et Larrousse dans la 8, Andruet, secondé par Maurice Gélin, apportait à sa berlinette 1440 Mignotet (4839 GG 76) une victoire incontestable en Corse qui assurait au pilote parisien le titre de champion de France des rallies.

Face aux Porsche d'Elford et Chasseuil, Alpine avait délégué rien moins que six berlinettes au critérium des Cévennes, dernière épreuve de la saison les 23 et 24 novembre. Une 1440 pour Larrousse, une 1470 pour Vinatier, deux 1600 pour Andruet (4839 GG 76) et Orsini, deux 1300 pour Nicolas et Hanrioud. C'est Larrousse qui, dès le départ prenait le meilleur sur Vinatier et Andruet et restait le chef de file jusqu'au neuvième secteur, où il abandonnait. Vinatier, relégué à la cinquième place remontait régulièrement, et au fil des abandons, se retrouvait en tête de la course. Andruet, quant à lui, longtemps second, auteur du 3ème temps dans Cezas malgré une crevaison, abandonnait sur bris du couple conique dans le second passage de Cezas.

C'est Bernard Consten, président de la FFSA, qui remettait les trophées aux champions de France 1968:
Claudine TRAUTMANN, championne de France des rallies
Jean Pierre BELTOISE, champion de France de F1/F2
François CEVERT, champion de France de F3
Sylvain GARANT, champion de France des circuits
Pierre MAUBLANC, champion de France des courses de côte
et Jean Claude ANDRUET, champion de France des Rallies.