Saison 1976

Pas de Renault-Alpine officielles au rallye de Monte Carlo du 17 au 24 janvier, mais une armada de voitures privées pour contrer les Stratos de Munari, Waldegaard, Darniche et Pinto, les Fiat de Verini, Alen et Cambiaghi, les Escort de Makinen et Clark. Ces indépendants avaient pour noms Andruet-Jouanny (A310 Philips), Thérier et Henry (A310 Christine Laure), M.C. Beaumont (A310 Elf) et Nicolas (A310 concessionnaires). Munari, comme prévu, s'imposait d'entrée devant, surprise, un Andruet très en forme. Au terme du parcours de classement, Munari était en tête, devant Waldegaard et Andruet. Le parcours commun s'engageait bien pour les Lancia, favorisées par un temps clément et sec. C'est toujours Munari qui pointait en tête dès le première ES. Mais dans la seconde, Andruet refaisait parler de lui en s'imposant. Légèrement en retrait dans la troisième, il attaquait et sortait. Posée sur un talus, Yves Jouanny devait courir chercher du renfort pour remettre la voiture sur la route. 5 minutes de perdues, et Andruet chutait à la quatorzième place au classement. Dans le Lautaret, il signait le quatrième temps. Mais sur le routier, surpris par une plaque de verglas, il tapait violemment un poteau électrique. Avec sept côtes cassées, il finissait le rallye à l'hôpital.

C'est au rallye Ouest Armor les 20 et 21 mars que débutait la nouvelle Alfa Roméo GTV 3 litres de Jean-Claude Andruet. A la place du "petit" quatre cylindres de 200/220 CV, on avait eu l'idée, chez Alfa Roméo de mettre dans le GTV le V8 3 litres de la Montréal. Avec 320/330 CV, le monstre allait pouvoir tenir tête aux Stratos... La voiture dont disposait Andruet à l'Armor avait déjà parcouru beaucoup de kilomètres d'essais. Cela ne l'empêchait nullement de réaliser les meilleurs temps des sept premières spéciales, avant qu'un cardan ne cède, mettant fin à une prestation que le public avait beaucoup apprécié.

Une semaine plus tard, au critérium de Touraine, face à la Stratos de Darniche, à la Toyota de Thérier, aux Alpine A 310 de Vincent et Henry, l'Alfetta 3 litres d'Andruet-Biche faisait encore figure d'épouvantail. Sur une boucle de 21 kilomètres à travers le vignoble Vouvrillon à parcourir 9 fois, Andruet prenait l'avantage dès le premier passage, malgré quelques problèmes au freinage ! Problèmes qui s'accentuaient dans le second tour, obligeant Jean-Claude à une gymnastique incommode. Mais comme à l'Armor, une semaine plus tôt, la transmission cassait, au grand regret des spectateurs.

Alfa Roméo, engagé par ailleurs en formule un, décidait après le critérium de Touraine de cesser son activité en rallies. Bien que son contrat allait jusqu'à la fin de la saison, Andruet n'avait plus de volant.

Fin mai, le 30, Jean-Claude Andruet réapparaissait à la course de côte d'Angoulême. Sur la berlinette 1800 de Levreault, engagée pour Jean-Claude en groupe 5 et pour son propriétaire en groupe 4 (par le truchement d'un simple changement de capot), Andruet finissait second du groupe derrière Jean-Marie Alméras, de même que Levreault, derrière Jacques Alméras !

Séduit par sa participation à la première édition, Andruet décidait de renouveler sa participation les 5 et 6 juin, à la ronde de la Première Terre. Au côté d'Yves Jouanny et au volant d'une berlinette 1800 groupe 4 (5671 UA 38) louée à Bob Neyret, avec le soutien d'Eminence et d'Esso. Malgré une faible concurrence, il attaquait à outrance, à la plus grande joie d'un nombreux public, et s'il s'imposait assez facilement, il reprenait enfin confiance en lui.

24 heures du Mans 12-13 juin

Dans l'esprit de ses créateurs, la Production avait aussi pour but de ramener du public sur les circuits. Comme Claude Ballot Léna faisait partie de ceux-ci, il était tout à fait normal de retrouver son copain Andruet sur le circuit de Rouen le 27 juin. Au volant d'un coupé BMW 30 CSL préparé chez Maublanc, et avec le soutien d'Eminence et Esso, il se qualifiait en troisième position sur la grille, derrière M.C. Beaumont et G. Fréquelin. Malgré une boite de vitesses capricieuse, Andruet parvenait à conserver sa troisième place. Une semaine plus tard, sur le circuit Paul Ricard, il obtenait le septième temps, entre M.C. Beaumont et Thievin. Il ratait son départ, mais repassait Geurie dont le moteur ratatouillait et Dorchy en proie à des problèmes de pneus. Après l'arrivée, Fréquelin, vainqueur et Beltoise, second, étaient disqualifiés pour avoir trop emprunté les bordures. C'est donc M.C. Beaumont qui remportait la course devant Ballot Léna, Andruet prenant une nouvelle fois la troisième place. Mais surtout, ces courses lui avaient redonné goût de la compétition.

Dans le même esprit que la ronde de la première Terre, le rallye des 1000 pistes dont la première édition avait lieu les 10 et 11 juillet dans le camp militaire de Canjuers avait tout pour séduire. Outre Thérier (Toyota Celica), royal sur ce type d'épreuve, Clarr (Opel Kadett), Barailler, Errani et Robini (Opel Ascona), Chasseuil (Ford Escort), Touroul (Porsche), Luc (Citroën CX) et Beaudouin (Peugeot 504) on retrouvait Andruet, associé à Tilber sur la berlinette 1800 de Bob Neyret déjà utilisée à la Première Terre (5671 UA 38). Trois épreuves spéciales, soit un total de 90 kilomètres, à parcourir trois fois, après un passage en reconnaissance le samedi, constituait l'ossature de cette épreuve inovante. Dés le départ, Thérier faisait parler les 230 CV de sa Célica et s'imposait dans les deux premières ES. Andruet, au contact, mais sans prendre trop de risque, finissait la première boucle derrière Thérier, après avoir remporté la troisième ES. Clarr, parti lui aussi très fort, restait bloqué dans un gué, avant de constater un problème de positionnement de prise d'air, vite résolu. La seconde boucle voyait disparaître Thérier, transmission cassée. Clarr prenait alors le relais et avec Andruet, ils allaient se livrer un duel sans merci, pour le plus grand bonheur des spectateurs. Andruet perdait plusieurs minutes dans un gué, ce dont profitait le pilote de l'Opel. Dans la dernière boucle, les freins de la Kadett lachaient, n'empêchant pas Clarr de préserver sa première place. Il remportait une superbe victoire, au volant d'une groupe 1 sans freins, devant Andruet qui lui, finissait sur deux cylindres !

Conditions climatiques changeantes à la course de côte de Chamrousse les 17 et 18 juillet. Engagé sur la Stratos Aseptogyl de Bob Neyret, Andruet ne pouvait défendre ses chances équitablement. La faute à un article d'un règlement laborieux, il s'élançait au plus fort de la pluie, et dans le brouillard, quand ses concurrents avaient eu le privilège de partir sur le sec. Dans ces conditions, le résultat n'avait plus aucune signification !

Si Alfa Roméo avait mis en veille sa cellule rallies, les courses en circuit intéressaient toujours la marque italienne et Autodelta avait engagé quatre Alfetta 2 litres pour Fréquelin-Ballot Léna, Pooky-Dona, Andruet-Dini (MI V85167), et Crespin-Swyssen aux 24 heures de Spa les 24 et 25 juillet, avec pour objectif la Coupe du Roi. Auteur du neuvième temps, Andruet s'élançait de la cinquième ligne, tandis que les autres voitures partaient de la dixième (Pooky), douzième (Fréquelin) et quinzième ligne (Crespin). Auteur d'un excellent départ, la numéro 32 d'Andruet se maintenait longtemps en quatrième position, et en tête de la division 3, quand un arrêt au stand s'imposait pour remplacer les échappements. 37 minutes de perdues. Ballot prenait alors le commandement de la division 3. La voiture d'Andruet refaisait son retard, tandis que celle de Ballot-Fréquelin connaissait des problèmes de joint de culasse. Finalement, Andruet-Dini se hissaient à la seconde place, devant l'Alfetta du Lov'Auto de Beguin, celle de Ballot Léna parvenait à sauver la cinquième position, tandis que Crespin était remonté au sixième rang, permettant à Autodelta de remporter la Coupe du Roi.

Avec le soutien d'Eminence, Janin et Tarte Tropézienne, Jean-Claude Andruet louait une Porsche Alméras pour la ronde Cévenole les 4 et 5 septembre. Avec 350 CV sous le capot, il pouvait voir venir, d'autant que le concurrence était assez limitée. Mais ça n'empêchait pas Jean-Claude d'attaquer, signant des chronos d'une régularité surprenante, et remportait pour la quatrième fois cette épreuve, rappelant à tous les employeurs potentiels qu'il était toujours sans volant pour 1977 !

C'est à nouveau sur une Lancia Stratos louée à Bob Neyret qu'Andruet participait au Tour Auto du 15 au 23 septembre. Auto qui avait déjà bien vécu, mais propulsée par un moteur turbo de 380 CV. Il fallait bien une telle cavalerie pour affronter Fréquelin et sa Porsche Alméras de 340 CV. C'est d'ailleurs ce dernier qui s'imposait dans le prologue, devant Andruet-Biche et Henry, lui aussi sur Porsche. Fréquelin retardé, c'est Andruet qui prenait le commandement et achevait la première étape devant Touroul et Henry. Les choses allaient moins bien dans la spéciale de Chaumeçon, entre Mâcon et Orléans, puis à Magny Cours où Henry reprenait la première place à Andruet. La troisième étape allait être fatale à Jean-Claude, et surtout à la Stratos dont le moteur cassait sur le Bugatti.

C'est sous les couleurs Gitanes, sur une Alpine A 310 (529 UG 38) et avec Biche qu'Andruet abordait ce Tour de Corse les 6 et 7 novembre. Ragnotti aussi disposait d'une A 310. Munari et Darniche, les favoris, partaient sur leurs Stratos. Dès le début de course, Andruet perdait six minutes suite à une crevaison. Dans la première ES, Darniche devançait Andruet de onze secondes. Dans la suivante, Munari s'imposait devant Darniche. Dans la troisième, Munari récidivait, devant un Andruet déchaîné... qui abandonnait dans la quatrième ES, boite de vitesse bloquée. Andruet dépité, qui déclarait que s'il ne trouvait pas un bon contrat pour la saison suivante, il arrêtait le sport automobile...

Petite récréation les 20 et 21 novembre. Jésus Garcia prêtait son Buggy à Andruet au rallye Tout Terrain Plaine et Vallée. Une première pour Jean-Claude qui abandonnait assez rapidement, retardé par une durite percée.

Toujours soutenu par Janin et Tarte Tropézienne, Andruet s'engageait au rallye du Var le dernier week-end de novembre, ultime épreuve de la saison, toujours au côté de Biche, mais cette fois sur une Porsche Carrera louée à Cacchia. Parti comme un avion, il remportait la première spéciale, devant Béguin, puis la seconde devant Fréquelin, qui étrennait la toute nouvelle Alpine A 310 V6 prototype. Et au départ de la troisième épreuve, l'embrayage de la Porsche explosait. Biche pouvait ranger sa petite lampe de poche, la lecture des notes était finie.