Saison1984

Comme la saison passée, Jean-Claude Andruet faisait partie de l'équipe Lancia officielle pour deux épreuves: Monte Carlo et Tour de Corse. Le contrat avec l'importateur Chardonnet était reconduit.

Enfin, du 22 au 28 janvier, un rallye de Monte Carlo enneigé ! Et donc un festival des Audi Quattro, Rohrl en tête. Jean-Claude Andruet, peu en forme, secondé par Sergio Cresto dans la Lancia 037 Martini (TO W67772) multipliait les tête à queue, et terminait le parcours commun à la neuvième place, à 33' 15" de Rohrl. En sortant du parc fermé, sa voiture refusant de démarrer, le commissaire l'autorisait à ouvrir le capot, quand le moteur s'élançait enfin. Il signait le quatrième temps dans la vingt et unième ES, puis le cinquième dans la vingt cinquième. Dans la suivante, il lui était signifié sa mise hors course par le collège des commissaires sportifs.

Enneigé aussi le rallye Lyon Charbonnières du 2 au 4 mars, où les prétendants au titre avaient pour noms Béguin (BMW M1), Darniche (Audi Quattro), Fréquelin (Manta 400), Saby et Chatriot (R 5 turbo). Andruet, avec un programme réduit, était là aussi, avec la 037 Chardonnet (7235 HX 93) et Martine Rick. A noter aussi la présence de Snobeck, avec une R 5 turbo. Et Andruet se rappelait au bon souvenir de tous en s'imposant dès la première ES, concédant la seconde à Snobeck, et reprenait la main dans la troisième. Les conditions climatiques s'aggravaient, l'organisation de l'épreuve paniquait, interdisant les pneus cloutés dans un premier temps (Loubet hors course) puis les autorisant... Le pilote de la Quattro remontait alors au classement., seul sur sa planète. Et Andruet sortait de la route dans la douzième spéciale.

Au critérium de Touraine, les 10 et 11 mars, aucun suspense ! Seul Bouscary (R 5 turbo) pouvait paraître menaçant. Andruet-Rick et la 037 (7235 HX 93) signaient tous les meilleurs temps, sauf l'ES 8 qui revenait à Bouscary (juste devant Jean-Claude). Mathon profitait de l'abandon de Grand et montait sur la troisième marche du podium.

Pas de neige les 31 mars et premier avril au rallye des Garrigues, mais une vraie concurrence qui occasionnait sept changements de leader. Béguin et sa M1, Darniche et sa Quattro, Toivonen et la Porsche 911, Fréquelin et sa Manta, Saby, Chatriot, Auriol, Snobeck et Touren sur leurs R 5 turbo et enfin Andruet-Rick et leur 037 (7235 HX 93), pourvue d'un nouveau moteur "évolution 2" (310 CV). Ce dont ils profitaient dès le début du rallye et s'imposaient dans les deux premières ES. Saby s'imposait dans la troisième spéciale, prenant du même coup le commandement de la course, qu'il rendait à Andruet dans la spéciale suivante. A son tour Béguin signait les meilleurs temps des ES 4 et 5, puis Fréquelin prenait la relève dans les épreuves 6 et 7. Andruet s'adjugeait la dernière de l'étape et rentrait en tête, 14' devant Fréquelin. Déjà, Auriol, Snobeck et Béguin avaient abandonné. La seconde partie du rallye était une explication entre Andruet et Fréquelin, arbitré par Toivonen. Mais c'était Fréquelin qui devançait Andruet, de... 14' ! Ce dernier refaisait son retard spéciale après spéciale, et terminait la course avec 28' d'avance sur Fréquelin, et 39' sur Toivonen.

Grande première, le 3 mai au Tour de Corse, avec l'apparition des Peugeot 205 T16 de Nicolas et Vatanen. Mais Lancia, avec deux 037 Martini pour Alen et Bettega, deux Jolly Club pour Vudafieri et Biasion, une Chardonnet pour Andruet-Rick (7235 Hx 93) avait de quoi tenir son rôle de favori. Renault avec ses R 5 turbo pour Ragnotti (320CV), Saby (320CV Philips), Chatriot (320CV Diac) et Auriol (300CV Lavabre Cadet) avait de quoi répondre... Tout commençait comme prévu: Triplé Lancia (Bettega, Biasion, Alen) devant Ragnotti dans la première ES. La surprise, bien sûr, venait de Vatanen dont c'était la première participation en Corse, cinquième devant Andruet. Mais dans la seconde spéciale, les choses allaient moins bien pour Jean-Claude: boitier d'allumage en ballade, il perdait neuf minutes et tout espoir de bien se classer. Handicapé ensuite par des problèmes de boite de vitesses, il ne pouvait que se maintenir "au contact", sans pouvoir jouer les premiers rôles. Perdu dans les profondeurs du classement, sa régularité lui permettait de remonter jusqu'à une méritante sixième place.

Un duel inattendu s'offrait aux spectateurs du rallye de La Baule les 2 et 3 juin: Béguin et sa M1 contre Andruet et sa 037 (7235 HX 93). L'arbitre s'appelait Serpaggi (R5 turbo TdC). Les prétendants, habituels animateurs du championnat deuxième division étaient Bouscary, Hoffner (R5 turbo) sans oublier Rigollet (Alfetta GTV6). Si Jean-Claude (qui étrennait une nouvelle navigatrice en la personne de Marie-Claude Jouan) tirait le premier, Béguin répondait aussitôt et fort: quatre fois meilleur temps d'affilée, et il bouclait la première étape avec 20" d'avance sur Andruet et 1' 03" sur Bouscary. La seconde étape avait à peu près la même physionomie: huit temps scratch pour le pilote de la M1, cinq pour Andruet, Serpaggi et Bouscary s'en adjugeant chacun un. Mais un résultat n'est jamais acquis avant l'arrivée. A deux spéciales de la fin, la boite de vitesse de la Lancia restait bloquée en cinq. Les mécaniciens réalisaient un exploit en la remplaçant dans les délais, permettant à Andruet de conserver sa seconde position.

Très beau plateau les 29 et 30 juin au rallye des 24 heures d'Ypres. Outre les Belges Droogmans, Colsoul et Snyers, on trouvait Toivonen, Béguin, Andruet-Rick, sur leurs voitures habituelles, et Mac Rae (Manta 400), Touren (R5 turbo) et Capone (Lancia 037). Dès le début du rallye, les deux Lancia se livraient un duel à coup de secondes, à l'avantage d'Andruet, tandis que derrière, Toivonen dominait Snyers. L'avantage du Français allait jusqu'à 53 secondes, puis fondait progressivement et, Capone reprenait la tête du rallye après la dix neuvième spéciale pour deux petites secondes. Victime de son embrayage, l'italien devait céder sa place, et se retrouvait quatrième. C'était au tour d'Andruet de connaître des problèmes: le remplacement de sa boite de vitesse lui coûtait 18", et le commandement au profit de Toivonen, qui remportait le rallye devant Andruet, Snyers et Capone. Mais Jean-Claude avait commis l'erreur de remplacer une roue crevée avec un cric emprunté à son assistance entre un CH et la ligne de départ, ce qui est strictement interdit. Snyers posa réclamation. Celle-ci fût dans un premier temps rejetée par les commissaires. Et puis finalement, Andruet était disqualifié.

Du 24 au 28 septembre, le Tour Auto ressemblait bien plus à un Paris-Nice qu'à un tour de France ! La grande épreuve, avec ses spécificités (protos, circuits...) n'était plus qu'un lointain souvenir. Cela n'empêchait pas les organisateurs de proposer un plateau honorable: avec Ragnotti, Saby, Chatriot, Auriol, Fréquelin, Weber, Darniche, Béguin Thérier et Andruet, associé à Annick Peuvergne (dont c'était le retour) et des R5 turbo, deux Manta 400, une Quattro, une M1, une Porsche et la 037 (7235 HX 93), la lutte s'annonçait serrée. Et elle le fût. Le duel Ragnotti-Andruet eût bien lieu, et fût arbitré par un groupe de poursuivants acharné. Au terme de la première étape, c'est Saby qui menait la danse, une seconde devant Andruet, quinze devant Ragnotti. Et quatre pilotes avaient remporté au moins une spéciale: Andruet (ES1, 5 et 6), Ragnotti (ES1), Béguin (ES2 et 8)) Fréquelin (ES3 et 4), Darniche (ES 7). Dans la seconde étape, Andruet passait à l'attaque, mais ne parvenait pas à distancer ses adversaires. Il prenait le commandement à Ragnotti, pour le céder à Saby... et le récupérait à nouveau ! Béguin abandonnait (transmission). Dans le Moulinon, Jean-Claude espérait creuser l'écart et battre le record. Non seulement Darniche faisait mieux que lui, il ne reprenait que cinq seconde à Ragnotti, et le record restait la propriété de W. Rohrl. Le pilote Renault passait à l'attaque dans le Mont Ventoux, dépossédait Andruet de sa première place, et pour quinze seconde remportait la course. Fréquelin prenait la troisième place à Saby, dont le moteur avait rendu l'âme à trois spéciales de l'arrivée.

Toujours en pénitence dans le championnat de seconde division, le Critérium des Cévennes (du 2 au 4 novembre) restait une épreuve majeure dans le cœur d'Andruet. Et qu'importe si la concurrence n'était pas à la hauteur d'un première div', il suffisait d'y mettre la forme. Ce qui fût fait. Toujours avec Martine Rick, toujours au volant de la 037 (7235 HX 93), il ne concédait que la seconde ES à Touren, remportant toutes les autres. A l'occasion, il pulvérisait le record de la Cadière, et égalait le record de victoires de Jean Rolland.

Du 23 au 25 novembre, le rallye du Var clôturait la saison. Andruet, avec A. Peuvergne, y courait son dernier rallye au volant de la 037 (7235 HX 93) Chardonnet et avait à cœur d'y réaliser un coup. Face à Béguin et sa M1, Fréquelin et sa Manta, Darniche et sa Quattro, aux 5 turbo de Saby, Chatriot, De Meyer et Manzagol, la tâche n'était pas aisée. D'autant qu'en début de rallye, la M1 s'avérait intouchable. Auteur des meilleurs temps des cinq premières spéciales, Béguin prenait le large, devant Andruet qui connaissait quelques problèmes... de débutant: Il passait à deux doigts de la panne sèche ! Dans la sixième ES, alors que Darniche abandonnait, il partait avec le frein à main serré, effectuait la moitié de la spéciale ainsi, et signait malgré tout le meilleur temps ! Au regroupement de Hyères, Béguin comptait 51" d'avance sur Andruet et 1' 17" sur Saby. Jean-Claude, toujours à la limite tentait de remonter son handicap. Au prix d'une attaque permanente, il parvenait à reprendre le commandement après l'ES 13. Deux spéciales plus loin, l'allumage de la BMW refusait tout service. Béguin out, Andruet rentrait au parc de regroupement de Sainte Maxime avec 1' 27" d'avance sur Saby et 1' 44" sur Fréquelin. Sans relacher son effort, il bouclait les trois dernières spéciales (une fois second, deux fois premier) et remportait enfin ce rallye du Var qui s'était si souvent refusé à lui. Saby avait abandonné en vue de l'arrivée (transmission). Fréquelin, en vieux renard, terminait second devant Chatriot.

Les 15 et 16 décembre, était organisé le Défi TF1-RMC. Pas une vraie compétition, mais plutôt un show... Et un plateau à faire rêver tout organisateur: Streiff, Jabouille, Beltoise, Jarier, Metge pour les représentants du circuit et Saby, Salonen, Vatanen, Fréquelin, Darniche, Wambergue et Andruet pour les rallymen. Côté montures, des Visa GTI, des 205 GTI et Super 5 GT. Outre ces séries, conclues par une finale que remportait Wambergue, étaient organisées des courses de production que remportait Jabouille sur sa 505, des course de groupe B, qui voyaient la victoire d'Andruet sur sa 037 et des courses de rallycross où Aïta s'imposait.