Saison 1981

Cela faisait plusieurs mois que Jean-Claude Andruet travaillait sur un projet pour 1981. Mi-février, il présentait chez Pozzi, à Levallois Perret, SA Ferrari 308 GTB groupe 4, préparée en Italie par Michelotto. Avec le soutien des amortisseurs Monroë et du fromager Entremont, il avait mis sur pieds un programme d'une dizaine d'épreuves du championnat d'Europe qui démarrait...

... le 20 février au rallye Costa Brava, où la neige avait surpris tout le monde. A commencer par le Jolly Club qui engageait 3 Fiat 131 pour Béguin, Vudafieri et Zanussi. Surprise aussi pour Clarr (Opel Ascona 400), Andruet-Emmanuelli (Ferrari 308 GTB) et les espagnols Oliveiras (Porsche), Balcazar et Bragation (Stratos), car personne n'avait même songé à embarquer quelques pneus cloutés. Ayant retrouvé le plaisir de piloter une voiture performante, Andruet dominait le début de l'épreuve, sur route sèche, et comptait une minute d'avance sur Béguin quand le rallye abordait les épreuves enneigées. L'équipe Pozzi faisait clouter des michelin sur place, et Jean-Claude consolidait sa position: 42" sur Béguin, 51" sur Vudafieri, 1' 03" sur Clarr. Après la cinquième spéciale, Andruet devançait Béguin de plus de deux minutes. Ce dernier trouvait enfin des Michelin TRX cloutés et prenait sa revanche sur la Ferrari, dont les pneus, eux, se dégradaient. Dans les sixième et septième ES, le pilote Fiat avait repris 2' 35" à Andruet et occupait la tête du rallye ! Bragation, Clarr et Oliveiras avaient déjà abandonné. Béguin devait se retirer aussi, goujons de roues cassés. Puis Servia. Au quart de la course, Jean-Claude comptait 6' 48" d'avance sur vudafieri et 8' 41 sur Zanussi. Mais il sortait de la route une première fois dans la douzième Es, puis sur le routier, laissant douze minutes et le commandement du rallye. Bien que dominant outrageusement sur le goudron sec, il ne parvenait pas à refaire son retard, d'autant que les dernières épreuves se déroulaient sur la terre. Malgré quelques temps scratch, il terminait second.

Une semaine plus tard, le rallye Lyon Charbonnières n'était pas inscrit au programme de Jean-Claude Andruet. Il y participait, avec Chantal Bouchetal, au volant de la BMW 320 Benoît (9696 TX 69 ?), en remplacement de Cudini blessé. Les conditions climatiques rendaient l'épreuve particulièrement difficile. La première ES était annulée alors que des concurrents y étaient bloqués. Cinquième temps de la première spéciale, meilleur temps de la cinquième, Jean-Claude signait le second chrono des dixième, douzième et treizième ES, et achevait la première étape en deuxième position, malgré des problèmes de freins. Mais après une troisième place dans le second chrono, il abandonnait suite à un problème d'injection.

C'est parce que le dixième rallye de Sicile, du 13 au 15 mars, se déroulait une grande partie du parcours de la Targa Florio qu'il en reprenait le nom légendaire. Les favoris étaient nombreux, parmi lesquels quatre Ascona 400 pour Carrota, "Lucky", "Tony" et Biasion, trois 131 pour Tabaton, Tognana et Darniche, la Stratos de Pregliasco et enfin deux Ferrari 308 GTB pour Liviero et Andruet-Tilber. Éphémère leader, Pregliasco abandonnait rapidement alors qu'Andruet effectuait de mauvais choix de pneus qui le pénalisait, avant de connaître des soucis d'injection. Peu avant la mi-course, il comptait déjà 1' 18" de retard sur Biasion, alors en tête. Décidé à refaire son handicap, Jean-Claude qui n'était que neuvième remontait à la troisième place au terme de la première étape. Auteur des cinq meilleurs temps en début de seconde étape, Andruet prenait le commandement après la seizième ES, position qu'il conservait jusqu'à l'arrivée, devant un trio d'Ascona 400 (Lucky, Tony et Carrota) et la seconde Ferrari de Liviero.

20-22 mars rallye d'Espagne: FORFAIT: Voiture bloquée en douane, Jean-Claude Andruet ne pouvait que déclarer forfait.

2-4 avril rallye Costa Smeralda: FORFAIT

Un Tour de Corse exceptionnel se profilait du trente avril au trois mai. Ragnotti sur une R 5 turbo allégée de 280 CV, Thérier sur une Porsche 911 SC de 340 CV, Andruet-Biche et la Ferrari 308 GTB (TV 483187), Mouton et Mikkola (Audi Quattro),Pond et Kaby (Datsun), Fréquelin et Toivonen (Talbot Lotus), Waldegaard (Toyota), Darniche (Stratos) auxquels il fallait ajouter les R 5 turbo de Saby, Coppier, Manzagol et Balési... Motivé comme jamais, Andruet ne laissait à personne le soin de diriger les opérations et s'imposait dans les cinq premières spéciales. Un problème d'alimentation d'essence mettait un terme prématuré à sa démonstration dans la sixième ES.

Jean-Claude Andruet ne tenait pas à participer au rallye des 4 régions, du 13 au 17 mai, mais l'insistance de l'organisateur... Avec Denise Emmanuelli, ils retrouvaient Tabaton (Stratos), Béguin, Cerrato et Vudafieri (Fiat 131), Verini, Lucky, Tony et Biason (Ascona 400), Cinotto (Audi Quattro) et surtout Pregliasco sur une Ferrari 308 (celle avec laquelle Jean-Claude avait remporté le rallye de Sicile). Ce qui irritait Andruet. La course se déroulant entièrement de nuit, les organisateurs avaient rajouté une boucle de 16 kilomètres à parcourir trois fois. Des reconnaissances sommaires, une crevaison, des tête à queue n'empêchaient pas Andruet de maintenir sa Ferrari (1762 JY 92) aux avant-postes. Mais des ennuis avec la police, alors qu'il chauffait ses pneus lui valaient deux minutes de pénalité ! Décidé à remonter son handicap, il repartait à l'attaque et réduisait son retard sur Pregliasco à 52" avant la triple boucle finale. Dans la première, Andruet, déchaîné, lui reprenait 23". Dans la seconde, le leader négociait mal une épingle et perdait encore 20". Pregliasco réagissait dans le troisième passage, mais ne pouvait empêcher Jean-Claude de lui reprendre encore 14". Finalement, Andruet s'imposait pour cinq petites secondes, devant Pregliasco, Tony, troisième était à 1' 25" et Biasion à 4' 25".

24 heures du Mans 13 14 juin

Encore mal remis des 24 heures du Mans, Andruet se présentait au rallye des 24 heures d'Ypres, du 26 au 28 juin, très fatigué, pour y trouver une forte opposition. Outre Béguin, qui avait préféré sa Porsche Meznarie à la Fiat 131 du Jolly Club, Vincent et Duez (Porsche également), Snyers et Droogmans (Escort), Mac Rae et Colsoul (Ascona 400) Buffum (Triumph) et Dumont (R 5 turbo) avaient fait le déplacement. Immédiatement dans le coup, malgré la pluie, Andruet- Emmanuelli prenaient le commandement dès le début du rallye, avant d'être dominé par Duez et Droogmans. avant la fin de la première étape (sur quatre), les deux Belges étaient retardés et Jean-Claude reprenait la tête du rallye. Si Béguin maintenait la pression, le pilote de la Ferrari 308 (1762 JY 92) ne commettait aucune faute sur les petites routes glissantes et remportait son troisième rallye au volant de la belle italienne.

Les 25 et 26 juillet, aux 24 heures de Spa, Andruet faisait de nouveau confiance à Eddy Joosen sur une BMW 530i. Dick Vermeersch complétait l'équipage de la numéro 10, tandis que la 11 était conduite par Xhenceval-Herregods-Grano. Ils avaient consacré la totalité des essais aux réglages de la voiture en configuration course, à l'adaptation aux pneus Pirelli et ne s'étaient guère soucié de la position sur la grille. Rien d'étonnant donc à ne les retrouver qu'en dix-huitième et vingt et unième place. Partis prudemment, ils chutaient au classement quand le pluie faisait son apparition, les pneus italiens étant totalement inefficaces sur le mouillé. La décision était prise de monter des Michelin. Dès lors, ils allaient refaire une partie de leur retard et remonter au classement jusqu'à la première place. Durant près de treize heures, ils allaient se livrer un duel avec la Mazda de Walkinshaw-Dieudonné pour la victoire. N'excédant jamais deux tours, l'écart descendait à une trentaine de secondes, en fonction des ravitaillements. Mais la japonaise était un peu plus rapide. Vers treize heures trente, Andruet rentrait aux stands: le moteur présentait des signes de faiblesse (culbuteur). Jean-Claude continuait, en essayant de préserver la deuxième place, ce qu'il parvenait à faire. Un fois de plus (la quatrième consécutive) le team Juma échouait sur la seconde place du podium !

La participation d'Andruet à l' Hunsrück rally, fin juillet-début août avait de quoi surprendre. L'idée d'abîmer sa Ferrari 308 GTB (2948 JZ 92) sur une terre cassante lui déplaisait. Face aux Ascona 400, développées pour la terre, Andruet-Emmanuelli ne pouvaient pas grand chose, mais se tenaient malgré tout en quatrième position au terme de la première étape. Un amortisseur cassé, quelques crevaisons, il repartait à l'attaque, mais tapait un rocher et sortait de la piste. La Ferrari s'immobilisait dans un fossé, sur le toit. Jean-Claude était évacué par hélicoptère à l'hôpital.

Une semaine plus tard, les 8 et 9 août, malgré un dos encore douloureux, Andruet se présentait au départ du Tour de Madère avec Biche, Denise Emmanuelli n'étant pas encore totalement remise. Face à la Ferrari, en dehors de Liviero sur sa 308 GTB, seul Vudafieri et sa Fiat 131 constituait une véritable opposition. Jean-Claude s'imposait dans la première ES, trente huit secondes devant le pilote du Jolly Club. Ex-aequo dans la suivante, Andruet lui reprenait encore treize seconde dans dans la troisième spéciale. Et dans la quatrième, Vudafieri sortait violemment, laissant les deux Ferrari en tête, jusqu'à la dix septième ES: Liviero se retirait (delco cassé), puis après la vingt deuxième, c'est la 308 GTB Entremont qui refusait de démarrer; l'essence contenait de l'eau.

Le 12 septembre, place du Trocadéro à Paris, les prétendants à la victoire du Tour Auto s'appelaient Béguin (Porsche Meznarie) et Vincent (Porsche Alméras), Darniche (Stratos), Saby (R 5 turbo 200 CV Galtier), Clarr (Ascona 400) et Jean-Claude Andruet-Chantal Bouchetal et leur Ferrari 308 GTB (1762 JY 92). Ces derniers partaient prudemment: si Andruet remportait la première ES, Clarr s'imposait dans les seconde, troisième et sixième, mais Béguin et Darniche restaient menaçants. Puis, à partir de la septième spéciale, Jean-Claude prenait le rallye en main, en signant les meilleurs temps de chaque épreuve, jusqu'au parc de regroupement d'Aix, où il comptait 2' 08" d'avance sur Béguin et 3' 40" sur Clarr. La suite était une domination pratiquement sans partage. Seul, Béguin remportait une spéciale, la dix huitième, et au terme de la première étape, Andruet était en tête avec 4' 48" d'avance sur Béguin, 6' 41" sur Vincent, 6' 44" sur Clarr et 9' 41" sur la Stratos ! Prenant moins de risques dans la seconde étape, il confortait cependant son avance, et au regroupement de Vals-les-Bains, c'est 5' 47" d'avance sur Béguin qu'il comptait. Andruet gérait alors sa course intelligemment, laissant la Stratos tenter le forcing. En fin de seconde étape, Darniche était deuxième à 4'52, Béguin troisième à 6' 50". La dernière étape ressemblait à une formalité. Trois spéciales étaient annulées, et c'est Vincent qui s'imposait dans les trois dernières. A l'arrivée à Biarritz, Jean-Claude Andruet remportait le Tour Auto sur une Ferrari, comme neuf ans auparavant, avec 4' 48 d'avance sur la Stratos Chardonnet, dont c'était la dernière course, et 7' 10" devant Béguin.

16 au 18 octobre rallye d'Antibes: FORFAIT. Pour se faire soigner son dos encore douloureux depuis son accident de l'Hunsrück rally, Jean-Claude andruet décidait de ne pas participer à l'épreuve.

Au rallye du Var, du 27 au 29 novembre, Andruet faisait figure de favori face à Snobeck, Touren, Manzagol, De Meyer (R 5 turbo), Clarr (Ascona 400), Vincent (Porsche), Darniche (BMW M1) et JP. Nicolas (Alpine A 310 V6). La démonstration était flagrante, puisqu'avec Françoise Sappey, ils s'imposaient dans les cinq premières spéciales. Mais dans la sixième, le boitier électronique de la Ferrari 308 GTB (1762 JY 92) stoppait leur progression.

Le championnat d'Europe comptait 45 épreuves. Andruet avait participé à 7 rallies, et en remportait 4. Il se classait second avec 320 points. Vudafieri était sacré champion d'Europe avec 4 victoire également, mais quelques places d'honneur en supplément, avec un programme nettement plus fourni. Il totalisait 420 points.