Saison 1980

Traditionnelle ouverture de la saison, le rallye de Monte Carlo, disputé du 19 au 26 janvier, regroupait encore un plateau fourni et de qualité: 4 Fiat dont trois 131 pour Alen, Rohrl, Waldegaard et une ritmo pour Bettega, auxquelles s'ajoutaient les deux Fiat 131 françaises, repeintes en jaune, noir et rouge à l'occasion, pour Mouton et Andruet (TO R19729), l'Escort de Vatanen, la Talbot Lotus de Fréquelin, les Ascona 400 de Kullang et Kleint, les Stratos de Serpaggi et Darniche, les Porsche de Mikkola, Béguin, Alméras et Bondil, la Datsun de Dawson, la Toyota de Warmbold et les Golf GTI de Thérier et Eklund. Dès la première spéciale, les Fiat monopolisaient les quatre premières places, Alen en tête. A l'issue du parcours de classement, c'est Rohrl qui avait pris le meilleur. Andruet-Biche était quatrièmes, derrière l'étonnante Ritmo de Bettega. Peu en forme, Jean-Claude tirait droit dans Col de Faye, signait le second temps dans le Moulinon, faisait un mauvais choix de pneus dans Pont des Molians... et achevait le parcours commun à la septième place. Il démarrait le parcours final avec un second temps, puis touchait une première fois dans le Turini, avant de sortir définitivement.

C'est sur une Stratos louée à Serpaggi qu'Andruet participait à la ronde hivernale de Serre Chevalier les 2 et 3 février. Ne disposant pas du temps nécessaire pour mettre la voiture au point, il ne pouvait alors espérer mieux qu'une quatrième place au classement, et sixième au "Crampon d'or".

Les premier et deux mars, au rallye Lyon Charbonnières, Andruet-Biche étaient favoris. Mais tous les deux malades (grippe pour l'un, rubéole pour l'autre!), ils devaient se méfier d'une concurrence toujours vive à réagir. Si Loubet (Porsche) prenait le commandement en début de rallye, devant Cudini (Golf) et Ragnotti (R5 Alpine), Jean-Claude reprenait la tête rapidement, et terminait la première étape devant Loubet, Ragnotti et Cudini. Mais Loubet abandonnait, laissant Andruet et Ragnotti se livrer un duel arbitré par Cudini. Alors qu'il possédait 2' 30" sur le pilote Renault, Jean-Claude perdait cinq minutes à la suite de problèmes de pompe à essence. Il repartait à l'attaque, mais ne pouvait remonter son handicap et terminait second, 50" derrière Ragnotti.

Une semaine plus tard, au rallye de Sicile, Andruet, navigué par Chantal Bouchetal, prenait le départ sur une Ferrari 308 GTB groupe 4, préparée par Michelotto. Béguin avait aussi fait le déplacement avec sa Porsche. Les italiens étaient bien sûr armés pour recevoir les deux équipages français: deux opel Ascona 400 pour Cerrato et Tony, deux Fiat 131 pour Pasetti et Vudafieri, deux Alfetta pour Verini et Pregliasco et la Stratos de Tabaton. Parti en tête, Béguin sortait violemment dans la troisième ES, alors qu'Andruet avait déjà pris la tête du rallye. Une erreur de choix de pneus et des problèmes de buée lui faisaient perdre presqu'une minute trente et le commandement du rallye. Mais il finissait l'étape à l'attaque, reprenant 52" dans la plus longue spéciale au second, Cerrato. Andruet comptait alors 1' 27" d'avance sur Pasetti, 1' 44" sur Vudafieri et 1' 59" sur Pregliasco. Dans la seconde étape, une fuite au maître cylindre d'embrayage embrasait la Ferrari qui renonçait.

C'est avec Denise Emmanuelli que Jean-Claude Andruet participait au critérium de Touraine, les 15 et 16 avril. Favori logique, il devait toutefois se méfier de la R5 Alpine de Ragnotti, des Porsche de Loubet, Nourry Teilhol, Touroul et Sanson, de la Stratos de Serpaggi, mais aussi de la Golf de Cudini. C'est d'ailleurs ce dernier qui signait le meilleur temps du prologue, devant Loubet et Touroul. Andruet n'amenait sa Fiat 131 (TO P51473) qu'à la onzième place, à 1' 48" du vainqueur ! Heureusement, cette première spéciale ne servait qu'à déterminer l'ordre des départs et ne comptait pas dans le classement. Il dominait largement la course, offrant en plus un spectacle digne de son talent, allant même jusqu'à la faute. Sur un nouveau parcours, au sud du département, Jean-Claude signait les meilleurs temps de six passages, laissant le cinquième chrono à Loubet, le septième à Serpaggi et le huitième à Teilhol, et remportait l'épreuve.

Les 12 et 13 avril au rallye Jean Behra, c'était encore Loubet, Ragnotti et cudini qu'Andruet, toujours avec Denise Emmanuelli, craignait le plus. Au volant d'une 131 allégée (TO P09981), il partait sur un bon rythme quand, dans la troisième spéciale, la traverse arrière se détachait ! Les mécaniciens réalisaient l'exploit de remettre la voiture en état avant d'entrer en parc, et Andruet conservait la tête, avec 2' 37" d'avance sur Loubet, 2' 46" sur Ragnotti et 2' 48" sur Cudini. Dans la seconde étape, un problème électrique le retardait, et il écopait de trois minutes de pénalité, ce qui permettait à Ragnotti de se retrouver en tête. Et Jean-Claude repartait à l'attaque, refaisait son retard et reprenait le commandement de l'épreuve. Il remportait son second rallye d'affilée...

Une semaine plus tard au rallye d'Armor, Andruet-Emmanuelli retrouvaient les animateurs du championnat, auxquels s'ajoutaient Nourry (Porsche) et Lamirault (A310 V6). Au volant de sa 131 (TO P51473), Andruet se constituait une confortable avance en remportant les cinq premier chronos. Au terme de la première étape, il avait 2' 14" d'avance sur Sanson et 2' 27" sur Cudini. Loubet, Ragnotti et Lamirault avaient déjà abandonné. Sanson et Teilhol se partageaient les victoires avec Andruet qui assurait sa position dans la seconde étape. Et Jean-Claude signait sa troisième victoire consécutive.

Début mai, du premier au quatre, c'est au critérium Alpin qu'Andruet retrouvait Clarr, sur une Ascona groupe 2, Loubet, Béguin et Vincent. Moteur cassé pour Clarr, sortie de route pour Loubet, la course se résumait à un duel entre Vincent et Andruet. Rendant encore quelques chevaux à la Porsche, la Fiat 131 (TO P51473) se maintenait en seconde position, avant qu'un tout droit ne fasse rétrograder Jean-Claude à la troisième place, avant qu'il ne récupère "son" bien. Une erreur de pointage le pénalisait de six minutes. Dès lors, il n'avait plus comme solution que l'attaque. Mais un surrégime mettait un terme à l'effort d'Andruet-Emmanuelli.

24 heures du Mans 14-15 juin

Encore convalescent de son accident du début mai, Jean-Claude Andruet effectuait son retour au rallye d'antibes, les 21 et 22 juin. Aux habituels animateurs du championnat de France, venaient s'ajouter l'espagnol Zanini (Porsche 911) et Barth (Porsche 924). Désireux de rassurer ses fans (autant que lui-même), Andruet prenait la tête du rallye et la conservait jusqu'à ce qu'il connaisse des problèmes de freins avec sa Fiat (TO P09981). Sur l'autre voiture, Michèle Mouton, alors seconde, lui subtilisait le commandement au terme de la première étape, pour douze petites secondes. Une erreur de Denise Emmanuelli dans la lecture des notes, et Jean-Claude sortait de la route. Il abandonnait, et perdait du même coup la tête provisoire du championnat au profit de Jean Ragnotti.

Le championnat du Monde des Poussettes se déroulait sur une seule épreuve, courue le 20 juillet à Saint Paul de Vence. Organisée par le Racing Poussette-Cross de France, cette épreuve originale ouverte aux seules poussettes à propulsion manuelle, avait une vocation caritative au profit de l'Association Perce-Neige. Jean-Claude Andruet, vêtu d'un tee-shirt blanc et d'un pantalon beige, sur une PEUT 430 (228 SP 6), poussé par Andrée Tabet, short en jean, bottes ceinture et petit haut blanc, étaient ouvreurs de choc et de charme. Rocca-Salazar remportaient la course. Viano prenait la septième place, Panciaticci la quinzième, Gardavot la dix-huitième...
Source: Échappement n°143 de septembre 1980, pages 88-89

Aux 24 heures de Spa, les 26 et 27 juillet, Andruet retrouvait Ballot-Lena, la BMW 530i, le JMS Racing et la pluie. Si les deux compères avaient soigneusement réglé la voiture, ils avaient un peu sacrifié les qualifications, se retrouvant dixièmes sur la grille. Malgré un départ volé qui lui valait une minute de pénalité, Ballot-Léna effectuait un début de course sage, septième devant l'autre voiture de Guitteny. Après un orage, alors que la piste s'asséchait, il décidait de repartir en pneus lisses, et chutait au classement en seizième position. Andruet prenait alors son relais, et avec des pneus pluie, remontait à la quatrième place ! Dans la nuit, un souci avec l'éclairage leur faisait perdre un peu de temps. Puis encore un mauvais choix de pneus au petit matin, un spoiler qui se détachait, un tirant de suspension, et l'écart avec la voiture de tête se portait à neuf tours. Mais la concurrence aussi connaissait son lot de problèmes: le remplacement de la boite de la Capri de Spice leur permettait d'accéder à la troisième place. Mais ce podium ne pouvait satisfaire un Andruet venu là pour gagner ! Pas plus d'ailleurs que le reste de l'équipe qui reconnaissait cependant manquer d'expérience en endurance.

Partant de Villeurbanne le 17 septembre, le Tour Auto rassemblait encore les "porschistes" habituels Ballet, Béguin, Alméras, Bondil), la Stratos Chardonnet, Ragnotti et sa R5 turbo, Clarr sur une Ascona 400 et les deux Fiat 131 de Mouton et d'Andruet. Alors que Ragnotti menait le bal, Jean-Claude compensait par son pilotage le manque de puissance d'une voiture en fin de carrière. Troisième, quatrième, cinquième, encore troisième... il se tenait aux avant-postes quand, dans la huitième ES, Bois de la Rochette-Augerolles, il sortait de la route sur une plaque de graviers. Et le Tour Auto s'arrêtait là.

Au départ de ce Tour de Corse le 23 octobre, il fallait chercher le vainqueur parmi les quelques Renault 5 turbo de Ragnotti, Saby ou Serpaggi, les Porsche de Thérier, Coppier ou Gardavot, la Talbot Lotus de Fréquelin, l'Ascona 400 de Clarr et un trio de Fiat 131 italiennes, dont celle de Walter Rohrl, auxquelles s'ajoutaient les deux voitures françaises de Michèle Mouton et Jean-Claude Andruet (TO R19729), qui pour son épreuve fétiche retrouvait Biche. Les italiennes avaient, pour la circonstance, été sensiblement allégées. Mais le mieux armé était Ragnotti, qui le faisait savoir en remportant les deux premières ES. Andruet se tenait aux avant-postes, troisième puis second. Avant les longs secteurs de Liamone-Suariccio (ES5) et Santa Maria-Abbazia (ES6), Ragnotti pointait en tête devant Andruet, Mouton et Bettega, mais une crevaison lui faisait perdre le commandement dans les 84 kilomètres de Liamone, au profit d'Andruet. Après un bref repos, les 114 kilomètres de Santa Maria permettaient à Ragnotti de revenir sur Andruet et ne comptait plus que 53 secondes de retard. Darniche, troisième, était à 1' 02", Mouton à 3' 01", Fréquelin à 4' 09", Thérier à 5' 35" et Rorhl à 7' 17". Dans la spéciale suivante, Ragnotti reprenait le commandement pour sept petites secondes. La course semblait se résumer à un duel entre la Renault et la fiat... quand, dans l'ES8, la courroie de distribution de la 131 stoppait la quête d'un quatrième sacre en Corse pour Jean-Claude.

Ils étaient près de 300 engagés au rallye des Cévennes les 22 et 23 novembre, parmi lesquels Ragnotti, sur une 5 turbo moins "méchante" (160 CV au lieu des 250 du tour de Corse), beaucoup de Porsche (Alméras, Lapeyre, Bondil, Touren), les deux Fiat 131 de Michèle Mouton et Andruet-Emmanuelli (TO R19729), l'Ascona de Clarr et la Golf de Cudini... On savait que Fiat-France arrêtait son activité sportive en fin de saison, et Michèle Mouton voulait offrir à son employeur un cadeau d'adieu. Elle prenait la direction des opérations, devant Andruet et Ragnotti qui ne cherchait, lui, que les deux points manquants pour être champion de France. Mais en se rendant sur le départ de la quatrième Es, elle heurtait une pierre. Alméras prenait le commandement, avant de le laisser à Andruet. Malgré des soucis d'embrayage, Jean-Claude se maintenait en tête, signant huit meilleurs temps sur quinze ES. Alméras mis hors course, Mouton retardée, Andruet remportait l'épreuve devant Ragnotti, contrat rempli.

Hormis Clarr (Ascona 400) et Bondil (Porsche), il n'y avait pas grand monde pour tenir tête aux deux Fiat 131 de Mouton et Andruet-Emmanuelli (TO R19729) les 6 et 7 décembre au rallye du Var. Si Michèle Mouton manifestait d'entrée ses ambitions, Andruet prenait le commandement dès la seconde spéciale, pour ne plus le quitter, mais Bondil restait menaçant durant toute l'épreuve. Michèle, en remportant quatre spéciales, enlevait la seconde place, et offrait ainsi le doublé à Fiat. Elle était ainsi sacrée championne de France des rallies, tandis que Jean-Claude était vice-champion de France.