Saison 1979

Nouvelle saison, nouvelle navigatrice pour Jean-Claude Andruet. Biche ayant fait valoir ses droits à un repos bien mérité, c'est Chantal Liénard qui la remplaçait.

Parmi les 233 partants du rallye de Monte Carlo, du 20 au 27 janvier, quatre Fiat131 Abarth pour Alen et Rohrl (usine), Andruet et Mouton (Fiat-France), Deux Escort pour Mikkola et Waldegaard, trois R5 Alpine pour Fréquelin, Ragnotti et Saby, la Porsche de Nicolas, et deux Stratos pour Bachelli et Darniche pouvaient espérer jouer un rôle pour la victoire. Le début de course était marqué par le duel Fiat-Ford, où chacun laissait une trace de ses performances. Mikkola pointait en tête à l'issue du parcours de classement, devant Waldegaard, Rohrl, Alen et Andruet, dont la 131 (TO R19729) déjà moins performante que les usines, connaissaient des soucis d'injection. Dans le parcours commun, les deux pilotes Ford se disputaient le commandement, jusqu'à ce que Mikkola écope d'une pénalité qui le reléguait en septième position. Alen prenait le meilleur sur Rohrl, Andruet se maintenait à la quatrième place, position qu'il n'allait plus quitter jusqu'à l'arrivée.

A peine le rallye Monégasque terminé, Jean-Claude Andruet sautait dans l'avion à destination de la Floride, où l'attendait l'équipe Pozzi pour les 24 heures de Daytona, une semaine plus tard. Depuis les engagements hétéroclites de juin dernier, Ferrari avait travaillé pour proposer à ses clients des BB 512 répondant au règlement IMSA. Trois voitures étaient engagées pour ces 24 heures: une pour le NART (Delaunay-Bedard-Tullius) et deux Pozzi-JMS Racing (Ballot Lena-Leclère et Andruet-Dini). Encore un peu lourdes, brutes de réglages, elle semblaient plus rapides que les Porsche 935, mais sans turbo, il était difficile de prendre le meilleur aux essais. Les trois voitures se qualifiaient en treizième, quinzième et seizième position. Le plus gros souci venait des pneus qui supportaient mal le banking. Ballot-Lena éclatait, sans trop de gravité, durant les essais. En course, lorsqu'Andruet rentrait aux stands, le pneu arrière droit était prématurément usé. Au bout de deux heures, alors que les trois voitures se tenaient groupées aux sept, huit et neuvième places, la 512 américaine déchappait et sortait violemment. C. Marin et JM. Smajda décidaient de retirer les deux voitures encore en course.

Conditions hivernales les 24 et 25 février à la ronde de la Giraglia, qui obligeaient les organisateurs à annuler la moitié des épreuves spéciales. Hormis Andruet et Mouton sur les Fiat 131, on pouvait compter sur Béguin au volant d'une Porsche 911 SC préparée par Meznarie et sur Serpaggi et sa Stratos pour animer la course. Dès la première ES, boitier électronique de la Fiat en panne, Jean-Claude Andruet abandonnait.

Mêmes prétendants au rallye Lyon Charbonnières les 10 et 11 mars, auxquels il fallait toutefois ajouter l'Alpine A310 V6 de Mény. Le temps pluvieux ne permettait à Andruet que de limiter l'écart entre sa Fiat et la Porsche de Béguin. Ce dernier s'imposait dès les deux premières ES, devant Jean-Claude qui remportait la troisième. Mais alors qu'il se rendait au départ de la cinquième spéciale en chauffant ses pneus, une biellette de direction cassait et Jean-Claude allait au fossé. C'en était fini.

Les 24 et 25 mars au critérium de Touraine, Béguin délaissait son moteur de 290 CV au profit d'un 330 CV plus adapté au tracé rapide des petites routes Tourangelles. C'était sans compter avec la pluie qui rendait sa Porsche encore plus délicate à piloter, ce dont Andruet-C. Liénard allaient tenter de profiter, malgré 100 CV de moins ! L'agilité du pilote de la Fiat (TO R 19729) se démontrait aussitôt, puisqu'au premier passage, il s'imposait pour trois secondes devant Vincent et sept sur Béguin. Sur les cinq boucles suivantes, ce dernier signait les meilleurs temps, battant même le record absolu (16" 53' 7), mais sans jamais vraiment se détacher. D'ailleurs Andruet ne devait son retard qu'à un tête à queue et un tout droit. Jean-Claude remportait les trois derniers passages (le dixième tour était annulé par les organisateurs), mais malgré tous ses efforts, il "échouait" à la seconde place, devant Vincent. M.Mouton et JH.Hazard étaient sortis respectivement aux premier et second passages.

Les 7 et 8 avril, enfin du beau temps au rallye Jean Behra. Sur un parcours plus favorable à sa Fiat, Andruet retrouvait quand même sur sa route Béguin et Vincent (Porsche), Serpaggi (Stratos) et M.Mouton. Il réalisait le meilleur temps de la première ES, devant Serpaggi et Vincent. Béguin n'était que huitième. Dans les deux spéciales suivantes, Serpaggi et Vincent s'imposaient chacun leur tour, mais dans les Quatres Chemins, Jean-Claude frappait à nouveau ! Et dans la septième ES, c'est le couple conique de la Fiat qui cassait. A noter l'exploit de JL. Clarr, qui avec sa Kadett groupe 1 finissait sur la troisième marche du podium, après avoir signé le meilleur temps d'une épreuve spéciale.

Pluie à nouveau les 21 et 22 avril au rallye d'Armor. Marie-Madeleine Fouquet n'eut même pas la joie de connaître les émotions d'une spéciale à côté de Jean-Claude Andruet, puisque le pilote Fiat abandonnait sur le routier avant la première ES, suite à un faux-contact dans le coupe circuit.

Au critérium Alpin, les 5 et 6 mai, ils étaitent tous là, les protagonistes du championnat de France: Béguin, Vincent, Serpaggi, Mouton... et Andruet, qui dès la première spéciale crevait et perdait une minute trente. Commençait alors une folle remontée, signant tous les meilleurs temps hormis celui de la cinquième ES. Vincent était retardé par le bris du câble d'accélérateur, puis c'était au tour de Serpaggi de connaître des problèmes (embrayage) et Michèle Mouton prenait le pouvoir. Béguin avait abandonné (couple conique). Andruet était à quelques secondes de reprendre la tête de la course, quand la rupture d'une rotule de suspension de sa Fiat (TO R92450) mettait un terme à sa remontée.

Au rallye de lorraine les 19 et 20 mai, le terrain était encore propice aux chevaux, et la Porsche de Béguin retrouvait le gros moteur du Touraine (330 CV). Andruet, associé à Chantal Liénard disposait de la "caisse légère" (TO R19729) , qui, donnée pour 980 kg, en faisait en réalité 1040 ! C'est Vincent qui le premier s'imposait. Mais Andruet lui donnait aussitôt la réplique, et prenait la tête du rallye au prix d'un pilotage incisif. Trop limité en vitesse de pointe, Jean-Claude cédait le commandement à Béguin d'abord, puis à Vincent qui le conservait jusqu'à... sa sortie de route, dans la seconde nuit, après un duel sans merci avec le pilote Meznarie. Andruet retardé par un mauvais choix de pneus, puis par une crevaison, rentrait à Nancy en seconde position, lui qui n'avait plus fini un rallye depuis le Touraine ! Michèle Mouton complétait le podium.

La ronde Cévenole (26-27 mai), c'est pour Andruet, un peu comme le Tour de Corse: une Histoire d'Amour. Après un début de saison calamiteux, où il devait compenser le manque de puissance et de vitesse de sa Fiat (TO R19729) par un pilotage agressif, il espérait enfin remporter une victoire significative. Mais Béguin, toujours avec le gros moteur, était présent pour lui barrer la route du succès. Il n'en fût rien. C'est un Andruet impérial, déchaîné qui s'imposait, signant six fois le meilleur temps des huit boucles, malgré une petite sortie et une crevaison.

24 heures du Mans 9-10 juin

Du 15 au 17 juin, le rallye d'Antibes était l'occasion pour Andruet d'étrenner une 131 neuve (TO N92971) pour affronter Béguin. Vincent et Serpaggi absents, Jean-Claude attaquait immédiatement dans la première ES, et Béguin ripostait aussitôt dans la suivante. Toujours sur le fil du rasoir, Andruet maintenait une petite avance sur son poursuivant et achevait l'étape avec huit secondes d'avance. Mais dans la seconde, Béguin augmentait un peu la cadence et reprenait trente quatre secondes à Andruet: une durite éclatée avait répandu de l'huile sur l'embrayage. Une réparation était tentée, mais Jean-Claude abandonnait dans la onzième spéciale.

Les 21 et 22 juillet, les 24 heures de Spa étaient l'occasion pour Jean-Claude Andruet de retrouver Eddy Joosen, le Juma Racing et la BMW 530i. Et la pluie ! Onzièmes sur la grille de départ, ils partaient avec l'ambition ferme de renouveler leur succès de 1977. La pluie faisait son apparition en début de course, et Andruet en profitait pour lancer la grosse attaque. Il passait en tête aux environs de 19 heures. Sans jamais relâcher leur effort, les deux hommes se détachaient, et comptaient jusqu'à sept tours d'avance sur leurs poursuivants. Vers sept heures, la poulie de vilbrequin cédait et devait être remplacée. La réparation, trop rapide, nécessitait une seconde intervention. Il repartaient troisièmes, avec cinq tours de retard sur les frères Martin. Malgré une course poursuite infernale, ils ne comblaient qu'une partie de leur retard, et terminaient à deux tours de la Capri belge.

Partant de Nantes le 16 septembre, le Tour Auto était découpé en trois étapes. Hormis les deux Fiat 131 de Jean-Claude Andruet-Chantal Liénard (TO P09981) et Michèle Mouton-Françoise Conconi, on pouvait compter sur la Porsche de Bernard Béguin et la Lancia Stratos Chardonnet. Ce qui était prévisible se produisit. La Porsche et la Lancia se partagèrent toutes les spéciales, avec juste derrière, un Andruet qu'on disait en grande forme, mais bien résigné à attendre que ça casse devant, puisque malgré tous ses efforts, l'écart ne faisait que grandir. L'abandon de Bernard Béguin allait offrir à Jean-Claude la seconde marche du podium. Michèle Mouton, troisième, devançait Jean-Louis Clarr qui, sur sa Kadett GTE remportait le groupe 1.

La bonne nouvelle ce 2 novembre au Tour de Corse, c'était le retour de Biche aux côtés d'Andruet. Toujours à la recherche d'un quatrième sacre dans l'île de beauté, Jean-Claude attaquait d'entrée et au bout de quelques kilomètres rattrapait Jean-Pierre Nicolas (Talbot Lotus). Un problème électrique lui faisait perdre quatre minutes dans cette première spéciale. Les espoirs de victoire s'éloignaient quand, dans la seconde ES les deux pneus avant de la Fiat (TO R19729) éclataient, mettant fin à sa course.

Étonnant plateau les 17 et 18 novembre au rallye des Cévennes: parmi les 326 partants, JP. Jaussaud, JP. Beltoise, D. Snobeck, JL. Schlesser étaient venus se joindre aux habituels animateurs du championnat de France des rallies. La première ES annulée, J. Alméras s'octroyait le second chrono, B. Béguin, qui étrennait son titre fraîchement acquis, s'imposait logiquement dans le troisième, tandis qu' Andruet-Biche signaient le meilleur temps du quatrième ! La course semblait donc très ouverte. Mais dans la cinquième spéciale, le pont de la Fiat (TO P91473) cassait et, une fois de plus cette saison, Jean-Claude abandonnait.

En reconnaissance pour le rallye de Monte Carlo, où il effectuait des essais de pneus, Jean-Claude Andruet s'engageait le 31 décembre au slalom en côte de Vars. Une tempête de neige contraignait les organisateurs à écourter leur épreuve. Auteur d'un vrai festival au volant de sa Fiat 131 (TO R19729), Jean-Claude s'imposait devant JP. Ballet (Porsche 911 SC).