Saison 1973

Après une saison 1972 achevée en fanfare, Jean-Claude Andruet comptait bien débuter 1973 de la même façon. Mais le rallye de Monte Carlo, traditionnelle ouverture de la saison, se refusait à lui. Six participations se soldant par cinq abandons et une troisième place en 1972. Et puis pour sa dernière course avec Alpine...
Aussi, ce vendredi 19 janvier, au départ, pour sa dernière course avec Alpine, il comptait bien marquer son nom au palmarès de l'épreuve. Mais il n'était pas le seul... Thérier, Piot, Nicolas, Andersson, Darniche (Alpine), Munari, Kallstrom, Lampinen, Balestrieri (Lancia), Mikkola, Makinen (Ford Escort), Waldegaard, Pinto (Fiat 124), Aaltonen, Fall (Datsun) eux aussi, convoitaient la plus haute marche. La première ES, le col du Corobin, achevait le parcours de concentration. D'entrée, Mikkola et Munari annonçaient la couleur en signant le meilleur temps ex-aequo, devant Makinen, Lampinen et Waldegaard. Andruet, sixième (et premier des Alpine) était déjà relégué à trente secondes.
Mardi 23: avec le parcours commun, les choses sérieuses commençaient. Dès la première ES, Pont des Miolans, Thérier et Andruet faisaient jeu égal devant Mikkola et Andersson. Dans la suivante, le col du Perty, enneigé, c'est Mikkola qui signait le meilleur temps devant Andersson, Nicolas, Munari et Andruet. L'épreuve suivante, c'était Burzet. La "burle" soufflait sur le plateau et formait des congères. Les départs étaient retardés. Les premiers partis étaient bloqués par les congères. En aidant Darniche, Waldegaard abandonnait. Les spectateurs, las d'attendre, quittaient tant bien que mal la spéciale. Le rallye prenait plus de quatre heures de retard et 144 concurrents étaient mis hors course, parmi lesquels Lampinen. Andruet passait en tête, devant Munari, Thérier, Pinto et Andersson. Après la neige de Burzet, la route était sèche dans le Moulinon, et les six berlinettes prenaient les six premières places. A nouveau de la neige dans St Bonnet-le-Froid. Andruet, parti à l'attaque, sortait de la route et perdait une minute, malgré l'aide des spectateurs. Déchaîné, il remportait l'épreuve suivante, St Jean en Royan, et s'adjugeait deux seconds chronos dans St Barthélémy et Chorges. A l'issue de ce parcours commun controversé, ils n'étaient plus que 51 à rentrer à Monaco, Jean-Claude Andruet-Biche 1'44" devant Ove Andersson-Jean Todt et 3'06" devant J.P. Nicolas.

Dès le début du parcours complémentaire, Andersson mettait la pression et remportait la première ES, le col de la Madone, reprenant 19 secondes à Andruet, alors qu'Aaltonen laissait plus de 20 minutes sur des problèmes d'alimentation. Dans le Turini enneigé, c'est Kallstrom qui passait en tête devant Mikkola et Andersson, lequel reprenait encore 11 secondes à Andruet, réduisant l'avance de ce dernier à 1' 14". Le premier passage dans le col de la Couillole permettait à Jean-Claude de devancer Andersson de 7 secondes. Et puis c'était le coup de théatre: peu après le départ du Turini, Andruet crevait à l'arrière gauche. Andersson, malgré un mauvais choix de pneus se retrouvait en tête du rallye pour 54 secondes sur Nicolas et 1' 04" sur Andruet. Second coup de théatre: Andersson sortait dans la Couillole (deuxième passage) et rendait 45 seconde à Nicolas et Andruet, vainqueurs ex-aequo de l'épreuve. Les trois pilotes Alpine se tenaient en 20 secondes. Dans le troisième passage du Turini, Andruet attaquait, signait le cinquième temps, Andersson le quatorzième. Et Jean-Claude retrouvait la tête du rallye, pour 14 petites secondes. Mais Andersson n'avait pas dit son dernier mot. Dans l'ultime spéciale, le col de la Madone, il signait un fabuleux 15'23". Et Jean-Claude, en état de grâce, lui répondait par un exploit: 15' 11". Il remportait enfin le rallye de Monte Carlo, offrant à Alpine un dernier succès, avant de quitter la marque de Dieppe. Victoire de légende, puisque l'équipage Andruet-Biche étaient les premiers à inscrire leurs noms au tout nouveau championnat du monde des rallies.

Après les frimas (glorieux) monégasques, Jean-Claude Andruet découvrait la Floride et les 24 heures de Daytona les 3 et 4 février. Sur une 365 GTB/4 du NART, il faisait équipe avec Claude Ballot Léna. Qualifiés en huitième ligne, après le remplacement du moteur durant les essais, ils connaissaient en course des problèmes d'alimentation et de freins. Gêné par un concurrent, Jean-Claude sortait de la piste et allait taper le rail, mettant fin à leur course.

Changement d'employeur pour Jean-Claude Andruet, qui prenait le départ du rallye Stuttgart Lyon Charbonnières du 9 au 11 mars au volant de la toute nouvelle Lancia Stratos. Certes puissante (240 CV), mais encore un peu lourde (805 Kg), la voiture était attendue autant que redoutée. C'est pourtant Fiorentino (CG) qui sortait vainqueur des 20 tours du circuit d'Hockenheim, 2 secondes devant Jean-Claude. Dans Schauinsland, Andruet-Biche reprenaient 4 secondes au pilote de la CG, et du même coup la tête de l'épreuve. Alors qu'il voulait chausser des pneus à sculptures, l'assistance conseillait à Andruet de monter des slicks. Et aussitôt Il tapait , endommageant le radiateur. Il abandonnait en arrivant à Lyon.

4 heures du Mans

Encore en période de mise au point, une Stratos-Marlboro(14057 A6) était engagée à la Targa Florio le 13 mai pour Munari-Andruet. En attendant le moteur à quatre soupapes par cylindre (290 CV), la Stratos ne s'inclinait aux essais que face à la Porsche 911 Carrera RSR de Van Lennep. En course, le bris des fixations du baquet rendait la conduite très difficile pour Munari et impossible pour Andruet (plus petit que Sandro, Jean-Claude n'arrivait plus à atteindre les pédales !). L'italien, courageusement, bouclait 8 des 11 tours et ramenait la voiture à la seconde place, derrière l'intouchable Porsche de Muller-Van Lennep.

Favori logique du Tour de l'Aisne les 26 et 27 mai, il manquait pourtant un élément majeur à Andruet et la Stratos (14114 A6) pour prendre part à la course: Pas de copilote ! (Biche était au Saint-Raphaël). 24 heures avant le départ, il fût donc trouvé un volontaire. C'est ainsi que Maurice Mogin, pilote local, se retrouva dans le baquet de droite et rapporta souvenirs et victoire ! La première d'Andruet sur la Stratos.

Les 2 et 3 juin, la ronde Cévenole réunissait un plateau de choix: Thérier et Darniche (A110 1800), Fiorentino (CG), Chasseuil (Ford GT 70) et bien sûr Andruet et la Stratos (14114 A6). D'entrée Fiorentino frappait un grand coup en bouclant les 42 kms en 24' 28" et laissait Andruet, second, à 21 secondes. Ce dernier réalisait le meilleur temps au deuxième passage, mais, partait en tête à queue dans le troisième, victime d'un bris de triangle de suspension et abandonnait.

24 heures du Mans

A la course de côte de Crémieu, le premier juillet, Jean-Claude Andruet parvenait à hisser son Abarth 2 litres à la seconde place au général, à peine deux secondes derrière Michel Pignard sur sa Pygmée. A noter que le vainqueur du groupe 1... n'était autre que Biche sur une Alfa Roméo, devant tous les garçons...

Personne ne pouvait rien contre Andruet et son Abarth le 22 juillet, à la course de côte de Cacharat. Il devançait Michel Pignard et sa Pygmée de presque trois secondes.

Même scénario à la course de côte de Poissons, le 19 août. Cette fois, Jean-Claude Andruet et l'Abarth 2 litres s'imposaient devant Dhotel et Bayard.

Au départ de Nice, le Tour Auto, du 14 au 22 septembre, avait fière allure: Deux Stratos-Marlboro pour Andruet-Biche et Munari, une Ligier pour Larrousse, une Ford GT 70 pour Chasseuil et une meute de Porsche (Ballot Léna, Fréquelin, Lafosse, Haldi, Alméras... Dès la première épreuve Spéciale (le Turini), Jean-Claude sortait de la route, endommageant sa Stratos (14112 A6). Il abandonnait dans la seconde ES, le col de la Couillole.

Autre mauvais tour que celui d'Italie un mois plus tard, du 14 au 21 octobre. Disposant du moteur 24 soupapes, le tandem Andruet-Biche abandonnait, laissant la victoire à la De Tomaso Pantera de Casoni.

Jean Ragnotti, Marie-Claude Beaumont, Gérard Pirès, Claude et Dominique Laurent et Jean-Claude Andruet étaient venus de France pour participer au septième Safari Calédonien en décembre, alors qu'en métropole, le premier ministre interdisait les compétitions automobiles. Des locaux, quelques australiens, ce sont 42 équipages qui allaient affronter tous les dangers. Andruet partait sur une BMW préparée par son copilote, Weber. Ils terminaient second du premier secteur. La suite n'était qu'un long chemin de croix. Entre les sorties de route, le plancher défoncé de la voiture, l'abandon était inéluctable.

Trophée d'Europe des 2 litres:


  • 8 avril: Circuit Paul Ricard. Trois Osella PA1 devaient être engagées par l'usine pour le championnat d'Europe. Un modèle de la saison passée pour Andruet et deux neuves pour Merzario (PA1/02) et Galli (PA1/03). Ce dernier accidenté, Jean-Claude récupérait sa voiture. Des problèmes de tenue de route aux essais l'empêchait de bien se qualifier (onzième temps). En course, c'est le joint de culasse qui mettait un terme à sa course.

    6 mai: Circuit de Misano. Septième de la première manche, Jean-Claude Andruet ne finissait pas la seconde.

    17 juin: Circuit de Charade. Hine remplaçait Galli sur le chassis 05, tandis que Merzario disposait du 04 et Andruet du 03. Auteur du meilleur temps aux essais, Merzario menait trois tours avant d'abandonner, tandis qu'Andruet, septième temps, finissait neuvième. Hine, quant à lui abandonnait, en panne d'essence à cinq tours de l'arrivée.

    15 août: Circuit d'Enna-Pergusa. Brambilla vainqueur, Andruet troisième, Merzario meilleur tour en course. Le bilan Osella était plutôt positif.

    2 septembre: Circuit du Nurburgring. Auteur de la pôle position, vainqueur des deux manches, tout souriait à Arturo Merzario, tandis qu'Andruet collectionnait les ennuis moteur. Il abandonnait suite à des problèmes d'alimentation.

    30 septembre: Circuit de Nogaro. C'est sous la pluie qu'était donné le départ de cette course hors championnat. Après l'abandon de Jabouille et le retard pris par Larrousse (mauvais choix de pneus), Andruet finissait troisième de la première manche. La seconde fût également disputée sous la pluie, et au final, Jean-Claude Andruet terminait cinquième.