Saison 1969


C'est fraîchement auréolé d'un premier titre de Champion de France des rallies que Jean-Claude Andruet prenait part à son troisième rallye de Monte Carlo, le 18 janvier. Assisté du fidèle Maurice Gélin, il disposait d'une berlinette A110 1300 usine et s'élançait de Lisbonne. Bien que peu puissante (par rapport à la concurrence), l'Alpine était très légère: 650 kg. Hélas, des problèmes de pneumatiques allaient accentuer les difficultés et Jean-Claude abandonnait très tôt, laissant Vinatier, Piot et Nicolas affronter Waldegaard et Elford.

Sept berlinettes A110 1300 prenaient le départ du rallye des Routes du Nord, du 7 au 9 février. Jacques Henry et Jean-Claude Andruet (7753 GH 76), associé à Jacques Volcke, étaient favoris en GT. Neuvième dans le premier passage de Steenwerk, juste derrière J. Henry, Jean-Claude abandonnait dans le second passage, après avoir signé le quatrième temps dans les seconde et troisième épreuves spéciales.

Temps clément pour le Critérium Neige et Glace, les 22 et 23 février: pas de neige et très peu de glace. Face à la puissance de la Porsche de G. Larrousse, les berlinettes étaient handicapées. Jean-Claude Andruet, associé à Jean Todt, devait manifestement compenser par un pilotage agressif. Peu en forme, il signait toutefois le second temps (derrière Larrousse) dans la première épreuve, puis les sorties de route s'enchaînaient durant la nuit. Mais tôt le matin, la berlinette (7749 GH 76) s'immobilisait au dessus du vide, laissant là tout espoir de finir l'épreuve.

Partant toujours de Solitude en Allemagne, le rallye Lyon Charbonnières se déroulait les 15 et 16 mars. Associé à Patrice Ecot, sur une A110 1440 (7752 GH 76), Jean-Claude Andruet, en meilleure forme qu'au Neige et Glace, cinquième après le circuit de Solitude, prenait la troisième place dès le quatrième secteur, derrière Vinatier (A110 1440) et Chasseuil (Porsche 911). Il gardait cette position jusqu'à l'arrivée, remportant même la dernière spéciale (Montbrison).

Essais des 24 heures du Mans

Retrouvant la 1300 (7753 GH 76) au vingt-deuxième critérium Alpin, les 12 et 13 avril, Jean-Claude Andruet prenait une éclatante revanche sur le sort, lui qui n'avait plus gagné de course depuis le tour de Corse l'année précédente. Auteur de onze meilleurs temps, il ne laissait que deux spéciales à Vinatier, sur une 1600, mais qui allait abandonner.

Lors des 1000 kms de Monza, le 25 avril, Alpine avait engagé trois prototypes A220 3 litres. Depailler-Jabouille furent sortis de la piste par Gardner dans le dernier tour, De Cortanze-Vinatier abandonnaient, boite de vitesses cassée tandis que Grandsire-Andruet, après avoir perdu une roue aux essais, cassaient le moteur avant le départ !

Une fois de plus, à Monthléry, pour les Coupes de l'USA, le 26 avril, Jean-Claude Andruet, au volant d'une berlinette 1300 offrait au public un festival ! Bien que devancé aux essais par M. Vial (2/10), il assurait le spectacle durant la course et se classait huitième et premier des GT.

A nouveau navigué par Patrice Ecot, Jean-Claude Andruet était engagé au seizième rallye de Lorraine, les 3 et 4 mai, sur la berlinette (7752 GH 76) mais équipée d'un 1600 Gordini de 140 CV. A l'exception de la quatrième épreuve, concédée à Vinatier (A110 1600) pour quelques dixièmes, Jean-Claude remportait toutes les spéciales, s'octroyant une victoire incontestable, malgré un plateau particulièrement fourni (Poirot, Porsche 910; Vinatier, A110 1600 170 CV; Chasseuil, Porsche 911; Piot et Gamet, Ford Escort...).

Aux 1000 kms de Spa, le 11 mai, Alpine engageait ses trois prototypes A220 pour De Cortanze-Vinatier, Andruet-Van Lennep et Jabouille-Grandsire. Manque de puissance sur les trois voitures, problèmes aérodynamiques et suspension cassée qui provoquait l'abandon de Jabouille, crevaison puis fuite d'huile sur la voiture de De Cortanze, ce qui freinait une superbe remontée et, enfin, nombreux problèmes, dont une fuite d'huile sur la voiture d'Andruet, qui n'avait jamais piloté le prototype en course. Malgré ce handicap, c'est lui qui réalisait le meilleur temps de la formation. Il finissait après un arrêt prolongé à la vingt et unième place.

Retour à Monthléry, pour la Coupe de l'ACIF, le 18 mai où, au volant d'une berlinette 1300, Jean-Claude Andruet réalisait encore des prouesses. Malgré des problèmes de freins, il venait se mêler à un trio de Porsche 911 en pleine bagarre. Une panne d'essence mettait un terme à son festival.

Toujours la formule d'une boucle (43 kms) à parcourir 10 fois, c'était, le 8 juin, la ronde Cévenole.Trois berlinettes protos: une 1595 pour Vinatier, une 1470 pour Nicolas et une 1608 pour Jean-Claude Andruet (3048 GK 76), une Afa 33 (Giunti), deux Porsche 911 (Chasseuil et Larrousse) et l'Escort de Piot visaient la victoire. Si Ignacio Giunti partait favori, derrière la lutte était très serrée. Le premier tour était favorable à Jean-Claude, devant Larrousse qui reprenait l'avantage au deuxième passage. Hélas il était victime d'une crevaison dans le troisième et rétrogradait à la septième place. Il repartait le couteau entre les dents et remontait à la quatrième place au quatrième tour, mais sortait dans le suivant et abandonnait...

24 heures du Mans

Encore le trio Alpine (Nicolas sur une 1300, Vinatier et Andruet sur des 1600), opposé aux Porsche de Chasseuil et Ballot-Léna et à l'Escort twin cam de Piot au rallye du Mont Blanc, le 6 juillet. Dès la première épreuve, Piot et Vinatier abandonnaient tandis que Chasseuil devançait Andruet, victime de problèmes de pneumatiques. Même scénario dans l'épreuve suivante. Dans le troisième secteur, les deux pilotes faisaient pratiquement jeu égal avant qu'Andruet n'assène quatorze secondes à Chasseuil, puis encore onze secondes dans le cinquième. Si Chasseuil pouvait envisager refaire son retard dans le sixième et dernier secteur, celui-ci était annulé, les forces de l'ordre assurant la sécurité ayant été réquisitionnées pour le passage du tour de France cycliste ! Andruet et Ecot remportaient ce rallye, devant Chasseuil et Ballot-Léna.

Une fois encore, à Magny-Cours, le 14 juillet, la petite berlinette 1300 de Jean-Claude Andruet venait se mêler aux Porsche 911 de Rey et Sage, et terminait troisième, derrière Larrousse, Rey et devant Sage, Swietlick (A110 1300) et même devant la Corvette de Greder (sixième, mais qui avait connu quelques petits soucis avec un fusible...).

Nouveau régal des spectateurs à Nogaro, les 16 et 17 août, où Jean-Claude Andruet, survolté au volant de son Alpine 1300 remportait la course avec plus de 40 secondes d'avance sur Mauroy et Rey (tous deux sur Porsche 911).

Début septembre (du premier au sept) la coupe des Alpes réunissait un plateau international: Andersson, Mikkola, Clark, Kallstrom venus affronter l'équipe Alpine composée du trio Andruet-Ecot (7905 GL 76), Vinatier et Nicolas, tous sur des berlinettes 1440 Mignotet. Dès le départ, Jean Claude annonçait la couleur en remportant les trois première épreuves et rentrait en tête à Evian, terme de la première étape, devant Vinatier, Nicolas, Piot et Larrousse. Clark, pénalisé de 30 minutes ne constituait plus un danger. Dans la seconde étape, Andruet fatigué et déconcentré, sortait de la route, endommageant son train avant. Vinatier prenait le commandement, tandis que Larrousse sortait de la route et abandonnait. Jean-Claude repartait à l'attaque pour maintenier Nicolas à distance et tapait encore violemment.. Dans la troisième étape, il connaissait des problèmes de boite et, malgré une crevaison parvenait à préserver sa seconde place pour dix-huit petites seconde devant Lusenius (A 110), mais huit minutes derrière Vinatier, vainqueur pour la seconde année consécutive de la coupe des Alpes.

L'usine ayant décidé de ne pas engager de voiture au tour de France Automobile, du 14 au 20 septembre, c'est au volant de la berlinette 1300 S flambant neuve de Michel Vial (1161 AS 92) que Jean-Claude Andruet prenait le départ (
en retard). Face à un bataillon de Porsche 911 (Larrousse, Chasseuil, Ballot-Léna, Egretaud), à la Capri de Piot, la Simca 1800 de Fiorentino, la Corvette de Greder et la Ferrari 275 de Hanrioud, la petite Alpine 1300 de série d'Andruet n'avait aucune chance de bien figurer sur les circuits rapides. Pourtant, à l'issue de la première étape (Nice-Nancy), Jean-Claude pointait à la sixième place. Il rétrogradait à la neuvième position, au terme de la seconde étape (Nancy-Reims), après les épreuves en circuit du Nurburgring et Spa. Place qu'il conservait à Dieppe, malgré qu'il se soit arrêté à deux reprises sur le circuit de Reims pour porter assistance à Henry. A l'attaque partout, il remontait deux places dans la quatrième étape, après une bagarre épique sur le circuit de Magny-Cours avec Lefevre. Lors de la cinquième, sur le circuit de Charade, il était victime d'un mauvais choix de pneus et, malgré un tête à queue, il préservait sa septième place en rentrant à Albi. Il ne restait plus qu'une étape: Albi-Biarritz avec une ultime épreuve sur le circuit de Nogaro. Avec moins de deux minutes de retard sur Piot, il pouvait espérer la sixième place. Hélas, le moteur de la berlinette rendait l'âme (distribution). Bien qu'aidé par Maurin (A110 1300), en vain, Jean-Claude finissait par pousser sa voiture jusqu'à l'épuisement. Effort inutile puisque les officiels le déclaraient hors course pour avoir bénéficié d'une aide externe (Maurin).

C'est déguisés en grognards que les pilotes de l'armada Alpine se présentaient au départ du tour de Corse, disputé les 8 et 9 novembre. Andruet (7903 GL 76), Vinatier, Orsini, Thérier, Nicolas, face à une opposition menée par Larrousse, Chasseuil, Ballot-Léna (Porsche)... En état de grâce, Jean-Claude Andruet était intouchable. Il remportait la première épreuve spéciale, laissant Vinatier à 16 secondes, Larrousse à 19... Dans la deuxième ES, les trois pilotes faisaient pratiquement jeu égal, mais dans la suivante, Andruet mettait 23 secondes à Orsini, 32 à Larousse, dans les 38 kms de Kamiesh Zonza, il prenait 40 secondes à Larrousse... Et pourtant, la voiture de Jean-Claude ne fonctionnait pas. Elle désamorçait dans tous les virages à droite. Sans information sur les temps de ses adversaires, il se croyait relégué au fond du classement, et attaquait de plus belle, énervé, dans la sixième épreuve. Une touchette avec un rocher, train avant fossé, il rentrait à Bastia et abandonnait alors qu'il était largement en tête.

Pour l'ultime épreuve de la saison, le critérium des Cévennes, le 29 novembre, Alpine avait envoyé une équipe impressionnante: deux A110 1608 Mignotet pour De Cortanze et Andruet, deux A110 1530 Gordini pour Nicolas et Depailler, une A110 1440 Gordini pour Consten, deux A110, deux A110 1595 Renault et, enfin, un proto V8 3 litres Le Mans pour Jabouille ! Alors que la flotte Alpine se décimait petit à petit, Jean-Claude Andruet réalisait un nouveau festival loin devant Darniche sur NSU. Respectant les consignes, il relâchait un peu son effort, mais, peu avant la mi-course, l'Alpine partait en travers sur une nappe d'eau et tapait un rocher. C'était l'abandon, alors qu'il avait sept minutes d'avance sur son poursuivant.