Saison 1966

Jean Claude ANDRUET débutait La saison 1966 par le quatorzième rallye des Routes du Nord, les 11 et 13 février, avec son fidèle navigateur Maurice Gélin, au volant de sa R 8 Gordini (1126 RA 75). Partis de Lille, les 108 concurrents avaient 43 kms à parcourir pour rejoindre l'épreuve de Bailleul: 7 kms de routes défoncées. Andruet s'y classait dixième en TS, derrière les inaccessibles Jaguar de Dutoit, Lancia de Trautmann, Alfa de Consten... Derrière, la lutte était acharnée entre les "gordinistes" et Chasseuil (NSU). De retour à Lille, Jean Claude se classait brillamment sixième, juste derrière Chasseuil.

Durant ce même mois de février, les 26 et 27, Andruet prenait le départ du rallye du Printemps, au volant de son infatigable R 8 Gordini (1126 RA 75), mais associé à Villeminot. Long de 486 kms, dont 17 de secteurs chronométrés, il était le plus rapide et s'imposait pour la première fois en Tourisme et Spéciales, devançant même les intouchables Cortina Lotus.

Troisième épreuve en un mois, les 11 et 13 mars, le rallye Solitude-Stuttgart Lyon-CharbonnièresJean Claude Andruet se voyait confier par Jacques Feret une R 8 Gordini 1100 d'usine (5273 RV 75). Long de 1800 kms, dont 258 d'épreuves spéciales, ce rallye comptait pour les championnats de France, de Suisse et d'Allemagne. Malgré quelques petits problèmes d'éclairage et une crevaison, Jean Claude et Maurice Gélin se classaient huitièmes au général, second en Tourisme derrière Jean François Piot, après avoir signé un fabuleux quatrième temps dans St Jean en Royan.

A l'issue de sa saison 1965, il avait souhaité s'engager en circuit. C'était chose faite ce 15 avril, à Pau, en coupe R 8 Gordini. Ils étaient une vingtaine à s'élancer lors de cette première manche. Si cette nouvelle expérience se soldait par un abandon, trahi par ses freins, il remportait sa première compétition en circuit le 26 juin, à Clermont-Ferrand, après avoir dominé la course avec insolence et récidivait le 3 juillet à Reims. La victoire se jouait entre Ficot, qui devait renoncer sur crevaison, Andruet et Dayan, en tête dans le dernier tour. Profitant de l'aspiration, Jean Claude le dépassait et franchissait la ligne avec un demi capot d'avance ! Lors de la remise des prix, Andruet remettait sa coupe à l'épouse de Daniel Belot, décédé la veille. Une semaine plus tard, il finissait troisième à Rouen, mais sa saison en Coupe R 8 Gordini allait connaître un épilogue imprévu. Les voitures de Thérier, Dayan, Ficot et Andruet étaient démontées. Ces deux derniers étaient radiés de la coupe. Trois motifs justifiaient cette décision sur le moteur d'Andruet: polissage des conduits d'admission et d'échappement, poussoirs de tiges de culbuteurs chanfreinés et hauteur de culasse inférieur à la côte minimale. Jean Claude, bien que de bonne foi, restera marqué par cette radiation.

En dehors de la coupe R 8 Gordini, Jean Claude participait également à la coupe de l'USA à Monthléry, le 24 avril. Sous un ciel gris, c'est C. Ballot-Léna qui s'imposait devant G. Larrousse, tous deux sur NSU 1000 TC, Charles et Dayan finissant troisième et quatrième devant Andruet.

Le 15 mai, lors du Grand Prix de Paris, c'est encore Ballot-Léna qui dominait outrageusement la course, tandis que derrière, après l'abandon de Franceschi, Ficot, Andruet et Charles se battaient comme des chiffonniers. Jean Claude victime de problèmes de freins devait laisser Charles passer, mais ce dernier en panne d'essence finissait la course en poussant sa voiture. Andruet montait ainsi sur la troisième marche du podium.

Profitant d'un règlement favorable, Renault engageait quatre R 8 Gordini aux 24 heures de Francorchamps, les 23 et 24 juillet pour M. Bianchi-Vinatier, Orsini-Vacca, Febbraio-Holvoet (remplaçant Toivonen-Janssen) et Piot-Andruet (8440 SY 75). Bien que favoris, les Renault durent affronter la concurrence sévère des BMC, NSU, Alfa et autres Glas. Mais dès le début de matinée, les Gordini caracolaient en tête de la catégorie, Bianchi-Vinatier devant leurs compères. Le démarreur de la voiture de Piot-Andruet fût remplacé. A l'arrivée, Bianchi-Vinatier remportaient la catégorie 850-1150 cm3, se classant douzième au général. Piot-Andruet finissaient quinzième, Orsini-Vacca seizième et Febbraio-Holvoet dix-huitième. Les Renault enlevaient du même coup la Coupe du Roi.

La coupe des Alpes se déroulait du 5 au 10 septembre. Avec ses 3900 kms, dont 1400 de secteurs sélectifs, comptant pour le championnat d'Europe c'était une épreuve très difficile. Andruet, associé à Métairie sur une R 8 Gordini partait prudemment et se retrouvait quinzième à l'issue de la seconde étape. Il abandonnait peu avant le col d'Allos.

Navigué par Volcke, Andruet avait engagé sa vieillissante R 8 Gordini (1126 RA 75) au Critérium des Cévennes, les 26 et 27 novembre. Longue de 1338 kms, l'épreuve comptait pour le championnat de France (coëf. 15), Jean Claude partait le couteau entre les dents, affrontant Fiorentino et Mieusset, tous deux également sur R 8 Gordini. Si Fiorentino tirait le meilleur parti de sa voiture dans un premier temps, il sortait de la route et laissait Mieusset devant Andruet pour quelques secondes. Ce dernier connaissait quelques problèmes de dynamo et, plus surprenant, un bidon d'huile ouvert dans le coffre qui entachait pneus et freins, entraînant quelques tête à queue (il franchissait même une ligne d'arrivée en marche arrière). Mais Mieusset cassait sa transmission, laissant la victoire de classe à Jean Claude qui terminait plus prudemment, à la seizième place au général tout de même.